IN THE MOOD FOR LOVE

Publié le par bobmorane75

Hong Kong, 1962. Monsieur et Madame Chow emménagent dans leur nouvel appartement le même jour que leurs voisins, Monsieur et Madame Su. Sans comprendre comment cela a commencé, Chow Mo-wan et Su Li-Zhen apprennent que leurs époux respectifs ont une liaison. Cette découverte les choque mais les rapproche. Ils se voient de plus en plus souvent mais le voisinage commence à s'en apercevoir. Il semble n'y avoir aucune possibilité pour eux de vivre une relation amoureuse. Mais la retenue, les réserves émotionnelles de Madame Su hantent Monsieur Chow, qui sent ses sentiments changer.

« In the mood for love » est un film que Monica (on va l'appeler Monica. Oui, elle était fan de la série « Friends ») m'a fait découvrir, j'ignore quel souvenir il évoquait pour elle. En tout cas, il est devenu le mien tant cette histoire d'amour était tellement le reflet de ce je vivais, que j'en étais devenu monsieur Chow et qu'elle fut ma Su Li-zhenJ

Tout à été dit et écrit sur ce film cultissime, et pourtant, j'éprouve l'envie de faire partager mes émotions et mes sentiments. « In the mood for love » apporte à mon sens, justement cette particularité qu'on n'a pas tellement l'habitude de voir au cinéma. Cette passion qui insidieusement lèche et dévore les cœurs de nos deux protagonistes. Une montée en puissance de sentiments non avoués, non révélés et qui ne trouvera pas son aboutissement final heureux : l'union de cœurs, d'âmes et de corps. Ce non happy end qui rend malheureux au plus profond de leur être va trouver le regret et les consumer à tout jamais. Trop peu de films arrivent à donner à ce point cette force des sentiments de cette dimension. Un amour véritable, réfréné au plus profond de nos désirs, de nos rêves, de nos aspirations.

En chinois, le titre original du film « Fa yeung nin wa » ne signifie pas « D'humeur amoureuse » du titre en anglais, mais « Le temps des fleurs », celles-là mêmes qui parent les magnifiques robes fleuries que porte Maggie Cheung. Ces mêmes fleurs d'amour qui finalement se fanent de ne pas être cueillies. Cueille les roses… Dans 2046 il sera trop tard pour pleurer les larmes amères.

Au départ, Wong Kar-Wai voulait raconter trois histoires centrées sur le thème de la nourriture et son incidence sur les relations amoureuses. L'une d'elle, prendra une telle ampleur, qu'elle supplantera les autres pour devenir In the Mood for Love, avec l'apparition récente et bouleversante de l'autocuiseur que l'on aperçoit à de nombreuses reprises, sorte de révolution pour les femmes asiatiques. L'autre scénario relatait l'avènement des soupes de nouilles pré-cuites, qui aura pour impact dans le mode de vie local, une restriction de sorties de chez soit, ce que Mme Chan boude pour sortir de son chez elle afin d'acheter à manger dans un restaurant. Surtout, Wong Kar-Wai voulait aborder les changements du au succès du fast-food naissant. La nourriture et les lieux de restauration, sont des thèmes privilégiés dans son œuvre, dernier en date « My blueberry nights ».

Avec sa mise en scène super soignée ; ses images, qui sont sur chaque plan un véritable tableau d'œuvre d'art, ses décors et ces merveilleuses robes portées par une Maggie Cheung extraordinaire de naturel, d'aisance, de souffrance et d'humanité amoureuse. Tony Leung Chiu-wai est lui aussi d'une justesse sublime dans son ressenti qui ne demande qu'à éclore bourré de retenues, de scrupules et de regrets. Cette chambre 2046 sera le tombeau de leurs ardents désirs : le chaudron de leur amour platonique. La scène coupée, où ils sont sensés enfin donner corps à cet amour est d'une touchante tendresse, de maladresse et finalement d'une immense pudeur. A quoi tient l'amour ? Pourtant, Wong Kar-Wai avait deux fins alternatives : l'une où finalement nos amoureux devenaient en effet amants, et la version platonique qui a été retenue.

Film d'une merveilleuse beauté, d'une lancinante douleur et d'amour incandescent qu'il faut avoir vu comme, il faut avoir aimé une fois dans sa vie, fusse t-il été aussi dur. L'amour est une douleur magique, que l'on s'aime on non, et on en redemande comme une drogue destructrice. C'est la plus belle des morts.

Le choix musical, toujours important dans les films de Wong Kar-Wai, scande les étapes et résonne dans nos âmes comme autant de déchirements et de regrets rappelant trop qu'il ne faut surtout pas laisser la place aux hésitations de ce que qu’on a pas oser vivre. 

Publié dans Comédies romantiques

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